Il n’y a parfois plus rien à dire en tant qu’adulte.
Un mot de plus serait l’arbre qui cache une forêt de dépression infantile tapie au fond de nous.
Une forêt de sensibilité.
Meurtrie ou bannie, dépréciée ou interdite, malmenée ou ignorée.
Il n’y a parfois plus rien à faire en tant qu’adulte.
Se vider d’un faire qui serait un éloignement supplémentaire.
Accepter de s’asseoir, et de cesser de faire.
Il n’y a parfois plus que soi, pour accueillir l’autre.
L’autre qui est en moi.
Cet enfant intérieur tout de sensibilité, taiseux ou hurlant, blessé ou souffrant, délaissé, ignoré ou nié.
Il y a parfois un trop plein de son manque, qui n’est plus qu’un vide silencieux.
S’asseoir avec l’enfant, le prendre sur ses genoux, lui caresser les cheveux et le cœur, envelopper ses épaules et son âme, depuis l’adulte que je suis.
Rendre les armes de la lutte infernale de le vouloir calme, fort et docile.
Rendre les larmes à l’océan d’amour qui nous relie à l’enfance de nos vies.
Respirer ensemble, genoux pliés devant nos souffrances de guerriers-es.
Relever nos cœurs en bannières d’amour envers l’intime de soi, cette si puissante vulnérabilité de l’enfant innocent que nous avons été.
Oser la patience dans notre manque face à l’impulsivité de consommer ou de remplir.
Oser l’intériorité dans le mal être face aux croyances illusoires d’un soulagement venant de l’extérieur.
Oser la progressive frustration d’un remplissage externe face à la tyrannie de l’émotion infantile qui nous agit et nous agite.
Oser l’acceptation de la simple présence face à la tentation de s’enfuir dans un agir faisant office de solution immédiate.
Oser le plus difficile : faire l’acte d’amour sincère d’une présence aimante, plutôt que céder à l’habitude de l’attitude guerrière.
Non, rien ne change ni ne se transforme durablement en nous -même sans nous abîmer ou nous nuire, par la lutte, la combat ou la guerre.
Il n’y a que l’amour qui guérisse.
L’amour est une cessation de la lutte contre soi, contre ses dépressions intérieures, contre ses révoltes, colères et injustices profondes, contre ses émotions réelles, ses désirs profonds, et surtout ses besoins.
L’amour est une sincérité si puissante, si dérangeante pour l’adulte « bienséant » que nous souvent aspirons à être pour « convenir », qu’il est devenu courageux d’oser le ressentir.
Nous sommes d’avance affolés de percevoir l’immense fatigue de notre personne à avoir tant résisté, tant lutté, pour nous adapter à un environnement si inadapté à nos besoins fondamentaux, voire si toxique parfois.
S’asseoir devient alors un acte fondamental.
Un acte d’amour pour soi, pour l’enfant que nous avons été et que nous sommes encore.
Un acte où l’adulte solide, lucide et vivant accueille et veille cet enfant, redonnant sa substance au cœur de l’être que nous sommes, à cette immense sensibilité qui est la porte de l’amour qu’est la conscience aimante universelle.
Sophie