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Méditer est une façon très concrète de générer plus de paix en soi et autour de soi. Il ne suffit pas de se mettre quelques secondes par jour dans un espace isolé et de s’asseoir ou de s’allonger pour méditer. Méditer c’est aussi un art de vivre, c’est nettoyer des conditionnements qui altèrent notre clarté intérieure et toutes les sphères de notre vie. La sphère des pensées, des croyances, des mémoires, des apprentissages et des relations. La sphère de notre façon d’être avec notre propre corps physique, avec nos émotions. C’est reprendre la maîtrise de notre attention, de nos désirs et de notre volonté. C’est retrouver la force et la clarté pour donner forme dans le réel concret de la vie quotidienne à nos valeurs, à ce qui anime réellement notre cœur sensible d’être humain.
Méditer est un acte très concret qui nous engage sur la voie du réel, non pas de façon uniquement philosophique mais de façon pratique et concrète.Je vois aujourd’hui plusieurs façons de ne pas être sur la voie du réel. Une première assez visible est la voie de la réaction, un des principales moteurs qui nous anime dans cette voie-là est la colère. Notre colère est alors une réaction qui nous donne de l’énergie. Il y a en effet une agressivité naturelle qui est nécessaire dans un monde de survie, une forme de colère qui dit « non ceci ne me convient pas » est très utile pour survivre à une situation qui pourrait porter atteinte à notre intégrité physique ou morale. Par contre, si nous désirons générer un monde de paix où la survie n’a plus lieu d’être puisque la sécurité de base, voire l’abondance est présente, alors ce type de réaction n’est pas adapté puisqu’elle engendre et génère une relation de domination soumission. C’est la loi du plus fort, la loi du Talion:  » œil pour œil, dent pour dent ».
Or, nous aspirons à créer un monde d’amour qui ne soit plus basé sur cette loi mais sur une loi supérieure, tout aussi universelle, la loi de l’amour où chacune et chacun aurons une place et où les plus vulnérables seront protégés par les plus forts et non pas utilisés ou manipulés pour les servir ou être dominés. Cette loi de l’entraide existe dans la nature, regardons le monde des arbres et des champignons par exemple.
Nous devons alors étudier cette forme de colère réactive, l’observer et discerner que réagir n’est pas la même chose que agir. Si réagir comporte de la violence, agir peut être une puissante affirmation, un engagement non violent, pas moins puissant. Prenons l’exemple de Bouddha, ou de Jésus, qui ont agi et sont encore célèbres 2600 ans et 2000 ans plus tard. Leur action a été puissante et non violente.
Quand je réagis j’ai des raisons. Intérieurement je me sens touché-e, blessé-e ou attristé-e. Il peut y avoir toutes sortes d’émotions très difficiles à soutenir ou à contenir et très douloureuses pour mon cœur sensible humain, comme l’injustice par exemple, et c’est bien cela qui me fait réagir et qui m’emporte dans la colère. J’ai besoin de comprendre que si je me laisse emporter c’est encore la violence qui va gagner dans ma vie et par contagion je vais la diffuser autour de moi. Est-ce bien cela que je souhaite? Il est utile que je comprenne que j’ai besoin de travailler sur moi pour calmer, consoler, apaiser, les blessures de mon cœur et comprendre que ma sensibilité n’est pas un « problème ». Elle est la porte qui permet à mon cœur de trouver, plus profondément, la capacité d’aimer, d’être empathique et compassionnel. C’est précisément ce qui me rend humain.
Si je désire trouver ce joyau, il est utile que j’apprivoise ma sensibilité. Pour cela il est nécessaire que je sache faire la différence entre me défendre et me protéger.
Car, si la réaction est un moyen de défense et a pour but de me protéger, elle me fait aussi entrer dans le jeu du combat, du conflit et de la violence. Dès l’instant où je me défends, je participe et j’alimente le combat. Mon énergie est alors captée par l’égrégore de la violence dans le monde (et de tout le chaos et la souffrance qu’il génère), qui est une forme pensée à l’image d’un nuage noir puissant.
En ce sens, que je sois « pour » ou « contre », cela revient au même, car en prenant parti pour un camp, je nourris par l’opposition un état d’esprit de rejet, et j’alimente ainsi la violence. Et le vrai gagnant est la violence.
Si je désire réellement la paix et l’amour, je dois me poser la question « comment me protéger sans laisser mes systèmes de défense automatiques et conditionnés se mettre en route quand je suis blessé-e , ou atteint-e dans ma sensibilité? »
Nous avons évoqué ici le mode réactif suite à un événement difficile à une émotion douloureuse qui vient me heurter. Or il existe un autre mode plus subtil, moins visible mais tout aussi délétère: le déni.
Nous pourrions aussi l’appeler l’illusion. Il est particulièrement actif dans notre société occidentale où nous sommes relativement en sécurité, ou du moins pour la plupart d’entre nous dans une certaine forme de sécurité. Nous avons souvent réfléchi et nous ne souhaitons pas la violence de la réaction, mais le déni peut se présenter sous des formes subtiles comme par exemple s’en remettre aux autres institutions. A des personnes soi-disant responsables, hiérarchiquement positionnées, etc…. pour régler ou apaiser les injustices ou les souffrances de ce monde. Nous pouvons continuer à croire que certaines actions, même si elles font mal maintenant, sont pour notre bien plus tard. Continuer à valider toutes formes de souffrances ici et maintenant en se racontant l’histoire qu’elles ne sont pas si graves ou qu’elles ne sont qu’un passage pour un mieux, qui existera plus tard dans un certain temps…. utiliser pour certains la « loi du karma » pour justifier que certaines personnes, ou enfants fragiles ou d’autres personnes vulnérables subissent la torture morale ou physique d’autres plus puissantes…ou en se racontant l’histoire que c’est leur karma et qu’ils ont dû peut-être un jour dans une autre vie faire des actes de répréhensible et que c’est ainsi qu’ils ont le retour de leurs actes passés ». Le déni, c’est peut-être aussi se divertir dans des situations confortables et agréables où l’imaginaire prend la place du réel dans une fuite, dans un rêve déconnecté de la vie telle qu’elle est en réalité. C’est aussi minimiser ce qui nous arrive, arrive aux autres ou à la planète. Car le déni est une forme de paralysie, d’immobilité. Sortir du déni demande une forme de courage. Car s’il n’est pas question de s’abreuver visuellement ou auditivement des souffrances de ce monde et de la terreur que cela procure, il est bien au contraire essentiel de nous établir dans le réel d’ici et maintenant. Cela  signifie revenir en soi, accueillir et s’occuper de nos émotions, de nos pensées et de nos croyances, se libérer des conditionnements qui nous enferment dans toutes sortes de jugements et d’intolérance. Travailler sur nous-mêmes pour acquérir ce discernement. Pas après pas, courageusement sortir du déni et de la violence réactive.
Apprenons à nous protéger sans nous mettre sur la défensive….vaste programme!
Sophie Guénin

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